DIALOGUE. Le président national des architectes dévoile ‘1 maire, 1 architecte’ : un projet pour revitaliser nos villes

Dans un contexte de crise immobilière persistante, le président national des architectes, Christophe Millet, a présenté le projet ambitieux intitulé ‘1 maire, 1 architecte’. Cette initiative vise à inciter les élus locaux à prioriser la réhabilitation de nos territoires urbains plutôt que la construction neuve, en favorisant un dialogue constructif entre maires et architectes. L’enjeu central est de redéfinir la mission de service public de l’architecture pour répondre aux défis contemporains de nos villes.

Un besoin urgent de réhabilitation urbaine

Face à la crise actuelle du marché immobilier, il est impératif d’adapter notre vision de l’urbanisme. Christophe Millet souligne que bien que l’immobilier neuf soit souvent au cœur des préoccupations, en réalité, cela ne représente qu’une fraction de l’activité des architectes. En effet, moins de 10 % des projets architecturaux sont liés à la construction neuve, laissant une majorité des architectes échapper aux impacts négatifs de cette crise. La réhabilitation apparaît ainsi comme un chantier d’envergure, car 87 % des architectes ont réalisé au moins un projet de ce type l’année précédente, ce qui souligne l’importance croissante de la rénovation et de la transformation des bâtiments existants.

Priorité à la réhabilitation plutôt qu’à l’artificialisation

Le projet ‘1 maire, 1 architecte’ se concentre sur l’idée de redonner aux élus une compréhension profonde de la ville. En se rencontrant avec des maires comme Jean-Luc Moudenc, le président a plaidé pour un changement de logique dans la gestion urbaine. Ce changement se traduit par une priorisation de la réhabilitation face à l’artificialisation des sols. En d’autres termes, il s’agit de repositionner la ville comme un espace à réparer plutôt qu’à construire, en respectant son patrimoine et en renforçant son identité.

Explorer de nouvelles pratiques et de nouveaux espaces

Un des principaux défis dans des villes comme Toulouse est le manque de foncier disponible. Pour surmonter cette problématique, Millet propose de bâtir sur des fonciers plus petits et déjà artificialisés, en prenant exemple sur les diagnostics effectués à Lille. Ces études montrent qu’il est viable de développer de petits programmes de logements, de trois à dix unités, qui pourraient compenser les coûts de construction plus élevés par des prix de foncier plus accessibles. Cela ouvre la voie à des solutions plus flexibles et adaptées aux réalités urbaines actuelles.

Intégrer la réhabilitation dans les lois d’architecture

Christophe Millet, à la tête du conseil national de l’ordre des architectes, appelle également à une mise à jour des lois régissant l’acte architectural. Il propose d’inscrire la réhabilitation en tant qu’acte architectural distinct, ce qui permettrait d’encourager le recours à des architectes pour chaque projet de rénovation. Actuellement, de nombreux travaux de réhabilitation sont réalisés sans architecte, ce qui diminue la qualité des interventions et compromet l’intégrité architecturale des bâtiments rénovés.

Évolution du métier d’architecte en Occitanie

En Occitanie, la profession d’architecte affiche une stabilité notable avec environ 3 000 architectes inscrits. Toutefois, des évolutions sont observées dans les modes d’exercice. De plus en plus, les architectes s’organisent en regroupements ou se spécialisent dans des domaines particuliers, marquant une évolution vers un travail collaboratif. Cela témoigne d’une adaptation nécessaire face à un environnement en mutation, où les besoins des collectivités deviennent de plus en plus spécifiques.

Le projet ‘1 maire, 1 architecte’ s’inscrit ainsi dans une volonté de transformation des villes, de valorisation de l’architecture et de sensibilisation des élus aux enjeux de la réhabilitation. C’est une opportunité pour redynamiser nos espaces urbains tout en répondant aux défis contemporains.